Névrome de Morton, un regard éclairé sur cette pathologie podiatrique

Le pied, cette merveille d’ingénierie anatomique, supporte notre corps, nous permet de marcher, de courir et de danser. Cependant, malgré sa robustesse, il est parfois sujet à diverses pathologies, dont l’une des plus courantes en clinique podiatrique est le névrome de Morton. Mais qu’est-ce exactement ?

Historique et anatomie du névrome de Morton

Le névrome de Morton n’est pas une découverte récente, il est connu depuis longtemps dans le monde médical.

C’est une pathologie qui implique la compression d’un nerf inter-digital dans l’espace entre les têtes métatarsiennes du pied. Imaginez un nerf piégé entre deux structures osseuses, causant douleur et inconfort.

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, ce n’est pas une tumeur, mais plutôt un épaississement du nerf plantaire médial.

Ce syndrome de Morton se manifeste principalement dans l’espace entre le troisième et le quatrième orteil, bien que cela puisse varier. L’anatomie du pied est complexe, avec ses nombreux os, ligaments et nerfs, un ligament inter métatarsien peut également être impliqué dans cette compression.

 

Épidémiologie du névrome de Morton

Le névrome de Morton, malgré sa prévalence répandue, est souvent mal compris.

D’après diverses études épidémiologiques, cette affection touche davantage les femmes que les hommes, avec un ratio de 4:1. Les personnes âgées de 40 à 60 ans sont particulièrement susceptibles de développer cette pathologie, bien que les raisons exactes de cette répartition démographique restent sujettes à débat, des facteurs tels que le port de chaussures à talons hauts sont fréquemment mis en cause, notamment chez les femmes.

Alors que les chaussures étroites et les talons hauts sont considérés comme des facteurs de risque majeurs, d’autres éléments peuvent également aggraver la situation.

Les activités sportives nécessitant des mouvements répétitifs ou des pressions excessives sur l’avant-pied, comme la course à pied ou le ballet, peuvent prédisposer à la maladie. Des traumatismes antérieurs au pied ou même certaines maladies rhumatismales peuvent aussi être des facteurs aggravants, rendant le pied plus vulnérable à la compression nerveuse.

 

Symptômes et signes du névrome de Morton

Les symptômes du névrome de Morton sont assez caractéristiques. Les patients décrivent souvent une sensation de brûlure ou de picotement entre les orteils, pouvant évoluer vers une douleur plus aiguë lors de la marche ou du port de chaussures étroites. Parfois, l’évolution du névrome de Morton conduit à une perte de sensibilité des orteils ou à la sensation d’avoir un «objet» dans la chaussure.

Les douleurs peuvent être exacerbées avec l’usage de talons hauts ou de souliers inappropriés.

 

Causes du névrome de Morton

La génétique peut jouer un rôle, mais l’une des principales causes est le port de chaussures inadaptées. Les chaussures étroites ou à talons hauts peuvent provoquer une compression du nerf inter-digital. D’autres facteurs tels que les pieds hallux valgus, les ongles incarnés ou les verrues plantaires peuvent également contribuer à la survenue du syndrome.

Les sportifs, en raison des contraintes répétées sur leurs pieds, ou les personnes dont le métier nécessite une station debout prolongée, sont particulièrement à risque. Les tendinopathies comme celle de la coiffe des rotateurs peuvent aussi interagir avec les symptômes du névrome.

 

Comparaison avec d’autres pathologies du pied

Le névrome de Morton est une parmi plusieurs affections podiatriques. Par exemple, la bursite est une inflammation des coussinets fluides qui protègent les articulations, tandis que la fasciite plantaire est une inflammation de la bande de tissu qui s’étend sous le pied. L’hallux valgus, communément appelé «oignon», est une déformation de l’articulation de la base du gros orteil. Bien que ces maladies puissent présenter des symptômes similaires de douleur au pied, leur étiologie, leur localisation et leur traitement diffèrent sensiblement du névrome de Morton.

 

Névrome de Morton évaluation par le podiatre

En clinique podiatrique, un examen clinique approfondi est effectué pour poser le diagnostic. Le professionnel évalue l’appui rétro capital, recherche une douleur à la compression de l’espace entre les têtes métatarsiennes et peut effectuer des tests pour différencier cette pathologie d’autres affections comme la fasciite plantaire ou l’épine de Lenoir.

Le diagnostic du névrome de Morton ne repose pas uniquement sur les symptômes cliniques. L’échographie est un outil couramment utilisé pour visualiser l’épaississement du nerf. L’IRM peut également aider à distinguer cette pathologie d’autres causes possibles de douleur au pied.

Bien que les radiographies ne montrent pas directement le névrome, elles peuvent être utiles pour exclure d’autres affections comme les fractures ou les arthrites.

 

Traitement du névrome de Morton

Le traitement du névrome de Morton vise principalement à soulager la douleur. À la maison, le repos et le changement de chaussures peuvent souvent aider. L’utilisation de semelles orthopédiques ou d’orthèses plantaires peut également être bénéfique. En clinique, des interventions plus poussées peuvent être proposées. La chirurgie est parfois envisagée pour les cas les plus sévères. Le post-opératoire est crucial pour garantir une bonne récupération.

Au-delà d’une intervention chirurgicale, plusieurs traitements non invasifs existent.

La physiothérapie offre des exercices et des techniques pour soulager la douleur et réduire l’inflammation. Les injections de corticostéroïdes peuvent également être proposées pour diminuer l’inflammation et la douleur. Récemment, la thérapie par ondes de choc a gagné en popularité, utilisant des ondes acoustiques pour stimuler la guérison. La cryothérapie, qui utilise le froid extrême, est une autre option envisagée dans certains cas.

 

Infiltrations de cortisone

Les infiltrations de cortisone, également connues sous le nom d’injections de corticostéroïdes, sont souvent utilisées comme traitement pour de nombreuses affections inflammatoires, dont le névrome de Morton. La cortisone est un puissant anti-inflammatoire qui peut réduire l’inflammation autour du nerf, soulageant ainsi la douleur et l’enflure.

·       Procédure : L’injection est réalisée directement dans la zone douloureuse, généralement sous guidage échographique pour assurer la précision. Avant l’injection, la zone est désinfectée et parfois anesthésiée localement pour réduire le désagrément.

·       Bénéfices : Beaucoup de patients rapportent un soulagement rapide et significatif après une infiltration de cortisone. Cela peut permettre d’éviter des interventions plus invasives et de reprendre plus rapidement les activités quotidiennes.

·       Risques et effets secondaires : Bien que généralement sûres, ces injections peuvent entraîner des effets secondaires. Une augmentation temporaire de la douleur, des infections, une atrophie de la peau, une décoloration ou des tendinites sont parmi les complications possibles, bien que rares.

·       Fréquence : Il est important de noter que le nombre d’injections de cortisone doit être limité, car des injections répétées peuvent affaiblir les tissus environnants et augmenter le risque de complications.

 

Orthèses plantaires

Les orthèses plantaires sont des dispositifs sur mesure ou préfabriqués conçus pour être portés à l’intérieur des chaussures. Elles offrent un soutien et un alignement appropriés du pied, corrigeant les anomalies biomécaniques et redistribuant la pression pour soulager la douleur.

1.     Conception : Les orthèses plantaires sont conçues sur mesure en fonction de la forme et de la biomécanique du pied du patient. Cela implique généralement une évaluation podiatrique complète, qui peut inclure des empreintes du pied, des mesures et parfois des analyses de la démarche.

2.     Bénéfices : Pour les patients souffrant de névrome de Morton, les orthèses peuvent aider à réduire la pression sur le nerf affecté, en offrant un coussinet ou une dépression spécifique. Elles peuvent également corriger d’autres problèmes de pied qui contribuent à la pathologie, comme un pied plat ou un désalignement.

3.     Durée de vie et entretien : Les orthèses plantaires sont généralement durables, mais il est important de les vérifier régulièrement pour s’assurer qu’elles offrent toujours un soutien adéquat. Les patients devraient également les nettoyer régulièrement et les utiliser dans des chaussures appropriées.

4.     Alternatives et adaptations : Outre les orthèses plantaires traditionnelles, il existe également des coussinets métatarsiens et d’autres aides qui peuvent être utilisés pour soulager la pression sur le névrome de Morton.

  

Conseils pour le quotidien

Vivre avec un névrome de Morton nécessite quelques adaptations.

Choisir des chaussures avec une large zone d’orteils et un soutien adéquat est essentiel. Des coussinets métatarsiens peuvent également aider à répartir la pression de manière plus uniforme. La réalisation régulière d’étirements et d’exercices ciblés peut contribuer à réduire les symptômes. Éviter les activités à impact élevé et privilégier la natation ou le vélo peut également aider à gérer la condition.

La prévention dès le plus jeune âge est cruciale, les enfants et les adolescents sont en phase de croissance, et leurs pieds sont particulièrement vulnérables aux traumatismes et aux déformations. Le choix de chaussures bien ajustées, offrant un soutien adéquat, est essentiel. Les jeunes sportifs devraient être informés des risques liés à certaines pratiques et être encouragés à alterner les types d’activités pour réduire les contraintes sur leurs pieds.

En bref, la prévention repose sur l’éducation. Savoir choisir ses chaussures, éviter le port prolongé de talons hauts, utiliser des semelles adaptées, sont autant de conseils pour prévenir l’apparition du névrome.

 

Le névrome de Morton, conclusion

Malgré son nom quelque peu mystérieux, n’est rien d’autre qu’une pathologie du pied bien connue des podiatres. La compréhension des symptômes, des causes et des traitements disponibles est essentielle pour prévenir et gérer cette affection. En gardant à l’esprit l’importance de la prévention et des bons choix de chaussures, nous pouvons tous marcher vers un avenir sans douleur.

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